• Toujours dans le cadre de mes ateliers d'écriture, voici un texte, un conte, un mythe, qui soulève encore des questions :

     

    « Il avait créé ce que nous appelons l’UNIVERS, le TOUT comme disaient les Grecs.« Il », nous l’appelions DIEU.

    Voici comment l’Histoire commença : Lui, dont on ne savait les origines, ni qui il était, avait une toute petite graine dans la main, la droite.

    Qui lui avait donné ce minuscule rien ? On savait seulement que c’était dans la main droite qu’il la tenait, car la gauche ne portait pas chance, et c’est pour cette raison que les latins l’appelaient « sinistra » et les anglons-saxons « left », laissée, contrairement à la droite, « right », la bonne.

    Cette graine lui démangeait la main, car elle s’y ennuyait, et elle n’arrêtait pas de se tortiller. Jusqu’au jour où elle tomba ou sauta : nul ne le sait ! Alors, comme vous l’avez appris à l’école, une graine qui tombe sur le sol finit par germer, parfois au bout de très nombreuses années. C’est ce qui arriva, et comme les fleurs de nos champs et de nos montagnes, elle donna naissance à une multitude d’autres graines. Qui elles-mêmes produisirent d’autres graines, au bout de très nombreuses années. 

    Ces graines, on les appela « étoiles », et elles brillaient dans le champ qu’on appela « univers ». Dieu était émerveillé ; même si cela avait été involontaire de sa part, car c’était la petite graine qui l’avait décidé, il avait créé l’Univers ! Alors il se sentit tout puissant et s’appela « le Créateur ».

    Il regardait ses étoiles et scrutait le ciel pour les compter et savoir si elles avaient prospéré. Mais un jour il se trompa, car elles étaient devenues bien trop nombreuses. Alors il ne voulut plus les compter mais il commença à s’ennuyer. Il trouvait que ces étoiles toutes pareilles manquaient de diversité et eut une idée : il les regroupa en différents endroits du ciel, qu’il appela « constellations », du latin « cum stella », qui signifie « étoiles ensemble ».

    Dans l’univers elles formaient d’élégants dessins. Cela lui plut, car il pouvait à nouveau compter sans se tromper. Nous les Hommes on appellerait cela un jour la « théorie des ensembles ». C’est sa seconde bêtise : là aussi il se trompa car les constellations n’arrêtaient pas de se déplacer dans le ciel. Il mélangeait la Grande Ourse, la Petite Ourse, le Bouclier d’Orion, Andromède, la Lyre et toutes les autres qui n’avaient pas encore été nommées.

    Il s’ennuya à nouveau et se dit : « je vais n’en prendre qu’une seule, et je n’aurai plus à compter ». Il l’appela « soleil ». Mais il fut très surpris de voir le lendemain qu’une étoile ne voulait pas quitter le soleil et n’arrêtait pas de lui tourner autour, car elle était jalouse : elle ne brillait plus guère, était froide et se demandait pourquoi Dieu ne l’avait pas choisie. Il ne pouvait plus rien y changer et l’appela « terre ».

    La surprise n’était pas terminée : car le lendemain une autre étoile, encore plus froide, encore plus petite, tournait autour de la terre. Il l’appela « lune ».

    Dieu n’avait plus que trois étoiles à compter ; c’était facile mais quand même bien ennuyeux ! Même lui se révélait capricieux. Et se demandait quelle autre bêtise inventer. Il n’eut pas longtemps à attendre.

    Il se réveilla un jour avec une nouvelle graine dans la main. Il se dit : « Tiens, tentons une expérience, déposons cette graine sur la terre et voyons ce que cela va donner ». Il mit son projet à exécution…

    Sur la terre, comme précédemment dans l’univers, la graine se mit à pousser et à se reproduire. Mais ce ne furent pas des étoiles qui apparurent mais d’étranges bestioles que les Hommes ont appelées « microbes ». 

    Ces bestioles à leur tour voulurent faire comme Dieu et se mirent à se rassembler : elles devinrent les « animaux ». Tous n’étaient pas identiques car les bestioles avaient voulu imiter les constellations, être différentes.

    Certains animaux voulurent singer Dieu et devenir comme Lui. Alors Dieu les appela « Hommes » d’un mot qui signifie

    « terre » en latin et d’autres langues, puisqu’ils étaient issus de la graine qu’il avait déposée sur la Terre.

    Dieu ne comprenait plus toute cette agitation. Toutes ces différences. Ces singes qui voulaient devenir comme lui. Alors il se souvint : la graine était apparue dans la main gauche, la « sinistre », et non pas la droite. Qui lui avait joué ce mauvais tour ?

    Dieu décida de remettre de l’ordre sur Terre. Et ce fut l’une de ses dernières bêtises. Mais ce sera une autre Histoire, mes enfants. 

    Oui, mais qui a mis les graines dans la main de Dieu ? » s’écria David— et qui a créé Dieu ? » demanda la petite Julie.

    Les étoiles qu’ils avaient admirées, avant que ne commence cette histoire, commençaient à disparaître derrière un voile de nuages. La leçon, ou le conte, selon votre choix, était terminée. Chacun regagna son lit.

    Beaucoup rêvèrent cette nuit-là d’étoiles, ou de petites graines. Certains de Dieu.  Même le conteur qui se demandait toujours pourquoi la « maman » de Dieu avait un jour mis la graine dans la mauvaise main.


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