Certains d'entre vous connaissent peut-être les ateliers d'écriture.

Les journées me semblent tellement longues et répétitives que je me suis inscrit à un atelier d'écriture, dans mon association aixoise.
Nous sommes cinq, plus l'animatrice.
C'est étonnant comme les textes écrits peuvent diverger, à partir du même exercice demandé.
Trois femmes et deux hommes.
C'est également étonnant comme le caractère peut transparaitre à travers les résultats.
C'est presque de la psychanalyse ; enfin c'est ce que j'ai cru observer...

Le sujet était le suivant : "Imaginez le dialogue entre Clint Eastwood et Jeanne d'Arc, qui, partis de Paris avec une Fiat 500, vont vers les Alpes, à St Martin de Belleville, mais tombent en panne d'essence, un jour de pénurie".

La première phrase doit être " Nous vivons un moment d'une rare poésie nomade, ma chère Jane "

Voici mon texte :

« Nous vivons un moment d’une rare poésie nomade, ma chère Jane, don't you think so ?

 -- Oh Clint, ne me parlez pas en anglais ! C'est trop de mauvais souvenirs pour moi … et puis moi je ne trouve pas cette situation très poétique. »

Clint regarde Jane avec son sourire narquois, celui qui lui avait valu tant de succès.

« Sorry Jane! Non, pardon! Il faut m'excuser beaucoup.»

Elle lui prend les mains, ses longues mains qui ont caressé tant de chevaux, manipulé tant d'armes et touché de verres de whisky. Le sourire de Clint s'efface. Il devient sérieux.

« Qu’elles sont douces vos mains, Jane ! »

 Jane rougit, elle est désemparée, prête à pleurer.

A Saint-Martin de Belleville ce n'est pas seulement la station d'essence qui est fermée. Tout le bourg est endormi. Ce n'est plus l'été, ce n'est pas encore l'hiver. Les maisons qui accueillent habituellement les touristes et les hôtels sont fermés …

« Qu'allons-nous devenir, Clint ?

-- Remontons dans la voiture. Et réfléchissons. »

Le froid retombait déjà sur Saint-Martin et le soleil s'était couché derrière les cimes depuis une heure. La température était déjà descendue à moins sept degrés.

« Aie ! Purée ! Pourquoi j'ai loué cette poubelle ! Ouille ma tête !


-- Montrez-moi, Clint. Oh, mais ça saigne ! »

Jane n’a rien pour soigner cette blessure. Alors elle retire son voile, le trempe dans la neige et l'applique contre la tempe de Clint.

Le silence dure, dure …

« Thanks Jane! Poésie nomade, tu parles ! J'ai encore dit des conneries !

-- Oh Clint ! Votre langage ! »

 Journal local le Dauphiné Libéré, le surlendemain :

« Hier, près de la station d'essence de Saint-Martin de Belleville, deux corps ont été retrouvés, dans une Fiat 500, main dans la main. Il s'agirait de Clint Eastwood, qui venait en repérage dans la région, et d’une jeune fille qui se faisait passer pour Jeanne d'Arc. 

Pensées aux deux familles. »